Fin 2004 marque un moment important dans mon parcourt. Après dix années de pause, ou de silence (voir l'habit d'artiste), je reprends le chemin de l'atelier.
Le modeste, premier acte créatif a été la remise en état d'une sculpture en mosaïque qui s'était abîmée au
jardin.
La tâche était assez artisanale sauf que j'avais décidé de coucher la sculpture sur une table, de la couvrir d'un champ opératoire et d'envisager chaque partie de sa réfection comme un acte chirurgicale. D'un point de vue du geste et du symbole.
Parallèlement je photographiais une série de cailloux « les cailloux du petit Poucet pour retrouver le
chemin de l'atelier » ainsi que des séries de traces de pas dans le sable: « je reprends là ou s'arrête ma trace »
Enfin, fin 2004, la connexion Internet fait son entrée à la maison.
Au départ j'avais le désir de créer d'un site qui fasse office de book en ligne, un site qui répertorie un peu mes travaux.
Rapidement j'ai mesuré l'impact de cette décision. Tout d'abord il a fallu mettre en page, mettre en ligne, en mémoire, souligner mettre en gras, en italique, revenir sur mes travaux, ré écrire dessus, exister. Ou plutôt ré exister à travers cet exercice de mise à plat, de mise en ordre, aussi bien dans mes travaux que dans ma tête.
Alors sont arrivés les premiers commentaires, nourriture immense
d'encouragement. Puis j'ai vite utilisé le blog pour sa fonction première, celle de journal public. Petite fenêtre dans l'atelier.
Je dis bien dans l'atelier et non dans ma propre vie, car bien entendu, le blog est un moyen d'expression, plastique, littéraire, c'est un outil de la narration avant tout, et en cela, acte de création.
J'ai très vite envisagé cet outil comme un moyen de ne pas reperdre le chemin de l'atelier (garde fou) . Un moyen d'être en lien avec l'atelier.
Un moyen de faire ses gammes, de se maintenir en état d'observateur, en état de réception, de création. Une façon d'être maintenue en travail, en recherche.
La rédaction du blog est aussi un extraordinaire moyen d'être, très facilement en lien avec les regards
extérieurs, avec un autre, un tiers, un public d'anonymes ou d'amis.
Pour moi, c'est essentiel qu'il existe un échange avec le public, à l'intérieur ou autours de mon travail. (Voir de la rencontre) que ce travail soit très abouti ou aussi modeste qu'une note rédigée presque chaque jour.
Être vue, être lu, c'est exister, c'est une sorte de validation tacite que l'on peu continuer son travail.
Cependant, il y a vite aussi un phénomène pernicieux à ce système de monstration quotidienne. Un phénomène d'addiction assortie d'un besoin parfois un peu primaire de réponse, de trace, de commentaires, dont il faut aussi ne pas dépendre.
Alors bien sur ce journal peut sembler parfois un peu brouillon, un peu à coté du travail d’atelier à proprement parler. Surtout lorsqu’on n’a pas de temps, et qu’il faut saisir en quelques clics, l’univers de l’artiste. J’ai du mal avec cette idée, c’est pourquoi je ne propose pas une lecture rentable et efficace de mon travail, mais plutôt une ballade dans mon quotidien qui chaque jour vient nourrir mes réflexions.
Mars 2010
